Une nouvelle consultation publique pour la Corrèze. Alors, ne vous fiez pas au titre, où il est question de capture de blaireaux à des fins de surveillance ; en lisant un peu plus loin, sur la note de présentation, on réalise qu’il est surtout question de prélèvements (c’est à dire, de tueries), deux individus de chaque terrier, jusqu’à 40 blaireaux avec des limites sur certaines zones.
Mais pour quelle raison ? Comme souvent, à cause de la tuberculose bovine. Comprenez : une véritable épidémie est en cours : deux foyers déclarés en 2010, un en 2012 et un en 2014, soit 3 en 4 ans. Et cerise sur le gâteau, c’est la note elle-même qui le dit : « Ce plan de prélèvement est prévu sur une année afin de vérifier la situation sanitaire de la faune sauvage actuellement non porteuse de cette maladie »
Donc, l’intégralité des foyers concerne des exploitations bovines, la faune sauvage n’étant en aucun cas impliquée là dedans, et pourtant, on va tuer des blaireaux, au cas où. Quant bien même certains seraient infectés, il est rare qu’un blaireau vienne voir du côté des exploitations agricoles, surtout quand c’est de l’élevage intensif dans des bâtiments fermés…
Vous pouvez envoyer vos observations jusqu’au 16 mai 2017 inclus par mail ([email protected]) ou par courrier à
Préfecture de la Corrèze, Bureau DRCL3, 1 rue Souham, BP 250, 19012 Tulle cedex
J’ai beau chercher je ne trouve pas le lien.
[email protected]
Voici le lien: http://www.correze.gouv.fr/ Cliquer sur Publications puis « Annonces et avis » Rubrique consultation du Public, elle est en 4ème place
Monsieur le Préfet,
Je viens de prendre connaissance de votre projet d’arrêté préfectoral ordonnant la capture de blaireaux à des fins de dépistage de la tuberculose bovine dans certaines communes dans le département de la Corrèze jusqu’au 15 avril 2018, et ce notamment durant la période d’allaitement et de sevrage des jeunes blaireaux. Et cet arrêté ne peut être applicable qu’à compter de la date de publication au recueil des actes administratifs (RAA) de la préfecture, et non de la date de signature !
Je m’intéresse à titre personnel à la faune sauvage et en particulier aux carnivores de nos contrées.
Animal sédentaire et essentiellement nocturne, le blaireau vit en groupe dans des terriers et fréquente principalement les bois de feuillus. Il est omnivore et opportuniste. Les dégâts qu’il peut occasionner dans les cultures de céréales, principalement le maïs lorsqu’il est en lait, sont peu importants et très localisés, essentiellement en lisière de forêt, en comparaison de ceux provoqués à ces mêmes cultures par les sangliers qui font l’objet d’une indemnisation. L’installation d’un fil électrique ou l’utilisation d’un produit répulsif sont des mesures préventives efficaces.
Victimes de l’empoisonnement à la strychnine ou du gazage des terriers, entre le début des années 1970 et la fin des années 1980, lors des campagnes de destruction des renards censées lutter contre la rage, les populations de blaireaux restent fragiles et leur dynamique est particulièrement lente. Ces populations souffrent de la disparition de leurs habitats (haies, bosquets, lisières, prairies, …) et sont fortement impactées par le trafic routier.
Inscrit à l’annexe III de la Convention de Berne, le Blaireau européen, Meles meles, est une espèce protégée (cf. art. 7). A titre dérogatoire, la Convention de Berne encadre strictement la pratique de la chasse et la destruction administrative de cette espèce (cf. art. 8 et 9). Le ministère de l’écologie doit soumettre « au Comité permanent un rapport biennal sur les dérogations faites ». Et aux termes de l’article L. 424-10 du Code de l’environnement, « il est interdit de détruire (…) les portées ou petits de tous mammifères dont la chasse est autorisée ».
Pour ce qui est de la surveillance de la tuberculose bovine dans la faune sauvage, à proximité des cheptels bovins infectés, le renforcement de la surveillance par la collecte et l’analyse systématique des cadavres de blaireaux trouvés, ou signalés, morts, ou mourants, sur le bord des routes est à privilégier avant de prescrire des opérations de prélèvement de blaireaux par piégeage ou tir de nuit à des fins de dépistage, toute l’année, même en période de mise bas et d’allaitement des blaireautins, et ce en l’absence d’un contrôle du respect de la procédure de traçabilité des blaireaux prélevés.
De plus, dans le cadre de la lutte contre la tuberculose bovine, l’article 7 de l’arrêté ministériel du 7 décembre 2016 relatif à certaines mesures de surveillance et de lutte contre la tuberculose lors de la mise en évidence de cette maladie dans la faune sauvage énonce, parmi les mesures de prévention dans les zones à risque, « [l’]interdiction de la pratique de la vénerie sous terre pour toutes espèces dont la chasse est autorisée en raison du risque de contamination pour les équipages de chiens ».
Outre la surveillance épidémiologique, la réduction des densités des populations de blaireaux entreprise dans les zones infectées relève d’une méthode très contestée scientifiquement depuis longtemps et peut entraîner la disparition locale de l’espèce. La prévalence d’infection dans la faune sauvage ne préjuge pas de la propagation intraspécifique ou interspécifique ; l’épizootie est interne à la filière bovine et l’espèce blaireau n’est pas, à ce jour, un réservoir sauvage de l’infection.
Philippe CHARLIER
– MENAUCOURT –